L'Afrique est le théâtre d'une multitude de projets et de programmes de développement, qu'ils soient portés par les gouvernements, les organisations internationales ou la société civile. Des infrastructures routières aux initiatives de santé publique, de l'éducation à l'agriculture, des milliards de dollars sont investis pour transformer les sociétés. Cependant, sans un système de suivi-évaluation (S&E) rigoureux et transparent, il est impossible de savoir si ces investissements ont un impact réel, s'ils atteignent leurs cibles et s'ils sont durables. Le S&E n'est plus un simple exercice de redevabilité; c'est une boussole stratégique pour le développement, un outil d'apprentissage qui permet d'ajuster les actions en cours et d'éclairer les décisions futures. Dans un contexte de rareté des ressources, il devient l'impératif d'efficacité et la pierre angulaire d'une gouvernance du développement responsable et axée sur les résultats.
Contexte :
Historiquement, le suivi et l'évaluation en Afrique ont souvent été confrontés à des défis de taille : des systèmes de collecte de données manuels et lents, des capacités humaines limitées, des biais dans les rapports et un manque de culture de l'évaluation axée sur l'apprentissage. Il en a résulté des projets dont l'impact était difficile à mesurer, une faible redevabilité envers les donateurs et les populations bénéficiaires, et la reproduction d'erreurs d'un programme à l'autre.
Cependant, le rapide développement de la technologie numérique sur le continent, notamment l'essor du mobile et de la connectivité internet, offre une occasion unique de réinventer le S&E. Les outils numériques permettent désormais de collecter des données en temps réel, d'analyser d'énormes volumes d'informations et de visualiser les progrès sur des tableaux de bord interactifs. Combiné à une approche humaine qui valorise l'inclusion et la participation de toutes les parties prenantes, le numérique transforme le S&E en un processus dynamique, transparent et pertinent. Le S&E devient ainsi un levier puissant pour garantir que chaque projet de développement contribue de manière significative et mesurable à la prospérité du continent.
Développement Thématique :
1. Le Suivi-évaluation (S&E) : une boussole pour le développement
Le S&E est un cycle continu de planification, de mise en œuvre, de collecte de données et d'analyse qui aide les organisations à s'assurer qu'elles sont sur la bonne voie.
Le Suivi (Monitoring) : C'est le processus de collecte de données en continu pendant l'exécution d'un projet. Il permet de répondre à des questions essentielles : les activités prévues sont-elles mises en œuvre ? Les ressources sont-elles utilisées comme prévu ? Les indicateurs de performance sont-ils atteints ? Le suivi est une vigie qui permet d'identifier rapidement les dérives et d'ajuster le cap.
L'Évaluation (Evaluation) : C'est une analyse plus approfondie et rétrospective. Elle vise à juger de la pertinence, de l'efficacité, de l'efficience, de l'impact et de la durabilité d'un projet. L'évaluation répond à des questions plus complexes : le projet a-t-il produit les résultats escomptés ? Quel a été son impact réel sur les bénéficiaires ? Les bénéfices sont-ils durables ? L'évaluation est un outil d'apprentissage qui informe les futures stratégies.
Les bénéfices du S&E : Au-delà de la redevabilité, le S&E renforce les capacités de gestion, permet une meilleure allocation des ressources, favorise la transparence et contribue à l'autonomie des organisations en leur donnant les moyens de mesurer leur propre performance.
2. Les Défis du S&E en Afrique : Du papier au numérique
Malgré son importance, le S&E a longtemps été un point faible dans la gestion des projets en Afrique, en raison de plusieurs obstacles :
Le manque de capacité : Les compétences en collecte et en analyse de données sont souvent limitées, ce qui rend les évaluations complexes et coûteuses.
Le temps et le coût : Les méthodes traditionnelles basées sur le papier, les enquêtes de terrain manuelles et les analyses hors ligne sont chronophages et dispendieuses.
La fiabilité des données : La collecte manuelle est sujette aux erreurs de saisie et aux retards, ce qui compromet la fiabilité des informations.
Le manque d'appropriation : Le S&E est souvent perçu comme une exigence des bailleurs de fonds plutôt qu'un outil de gestion interne, ce qui en limite l'efficacité.
Le passage au numérique est la réponse à ces défis. En adoptant des outils digitaux, les organisations peuvent rationaliser le processus, réduire les coûts et obtenir des données fiables en temps réel pour une prise de décision rapide.
3. L'importance du langage inclusif dans le secteur du S&E en Afrique
Un suivi-évaluation réussi est un processus qui reflète la diversité des populations qu'il sert. L'adoption d'un langage inclusif dans le secteur du S&E n'est pas qu'une question de bonnes manières ; c'est un impératif méthodologique. La manière dont les questions sont posées, les termes utilisés dans les rapports et la communication avec les communautés peuvent avoir un impact direct sur la qualité des données collectées et sur la crédibilité de l'évaluation.
En Afrique, l'enjeu est multiple : culturel, linguistique et organisationnel. D'un point de vue linguistique, se limiter au français ou à l'anglais dans les questionnaires et les entretiens exclut de fait une partie des populations, notamment dans les zones rurales. Pour obtenir des données fiables et représentatives, les outils de collecte doivent être disponibles dans les langues locales. Au Sénégal, par exemple, un questionnaire de suivi d'un programme d'accès à l'eau potable devrait être traduit et adapté en Wolof, en Pulaar et en Sérère, tout en s'assurant que les termes techniques sont correctement vulgarisés.
D'un point de vue culturel, le langage doit être sensible aux normes sociales et éviter les stéréotypes. Les questions doivent être formulées de manière neutre pour ne pas biaiser les réponses, en particulier sur des sujets sensibles comme le genre, l'éducation des filles ou les pratiques agricoles. L'utilisation de formulations non genrées dans les rapports ("les bénéficiaires" au lieu de "les hommes et femmes bénéficiaires") peut aider, mais il est souvent plus pertinent, dans une optique de S&E, de désagréger les données par genre pour mesurer les impacts spécifiques sur les femmes et les hommes. Enfin, au niveau organisationnel, il est essentiel de former les équipes de S&E à l'utilisation d'un langage respectueux et non jargonné, en privilégiant la clarté et la simplicité pour que les résultats soient compréhensibles par tous, des bailleurs de fonds aux communautés sur le terrain. L'inclusivité du langage est un gage de redevabilité et de pertinence.
4. L'apport du numérique dans le S&E : Collecte de données en temps réel et prise de décision éclairée
Les outils numériques ont transformé le S&E, en le rendant plus rapide, plus fiable et plus accessible.
Collecte de données sur le terrain : Les applications mobiles de collecte de données (comme KoboToolbox, ODK ou les outils spécialisés) remplacent les formulaires papier. Les enquêteurs peuvent enregistrer les données directement sur leurs tablettes ou smartphones, ce qui réduit le temps de saisie et les erreurs.
Tableaux de bord et visualisation : Les données collectées sont transmises en temps réel à un serveur central, où elles sont visualisées sur des tableaux de bord dynamiques. Cela permet aux managers de suivre les progrès du projet instantanément, d'identifier les défis et de prendre des décisions éclairées.
Cartographie GIS et géolocalisation : La géolocalisation des données permet de cartographier l'impact d'un programme. Il est possible de visualiser sur une carte où se trouvent les écoles construites, les puits creusés ou les bénéficiaires d'un programme de santé. Cela renforce la transparence et l'efficacité de la planification.
5. WEBGRAM et SmartEval : des solutions africaines pour des défis africains
Basée à Dakar, WEBGRAM s'est imposée comme un leader africain du développement logiciel, avec un engagement profond envers l'innovation au service du développement durable. Consciente que le S&E est un pilier de l'efficacité des projets, l'entreprise a développé des solutions numériques sur mesure pour relever les défis locaux et améliorer les capacités de gestion des projets.
WEBGRAM a conçu SmartEval, une plateforme de S&E complète et intuitive, pensée pour les organisations de développement et les agences gouvernementales en Afrique. SmartEval numérise l'ensemble du cycle de vie du S&E : de la conception des cadres logiques à la collecte de données sur le terrain via une application mobile, en passant par l'analyse et la visualisation des résultats sur des tableaux de bord personnalisés. L'outil facilite la mise en place d'indicateurs de performance, permet le suivi des activités en temps réel et génère automatiquement des rapports synthétiques pour les parties prenantes.
L'expertise de WEBGRAM réside dans sa capacité à développer des solutions qui ne sont pas de simples copies de logiciels occidentaux, mais qui sont conçues en tenant compte de l'infrastructure locale, de la diversité linguistique et des besoins spécifiques des utilisateurs africains. L'engagement de l'entreprise en faveur de l'inclusion se reflète dans la simplicité d'utilisation de ses outils et leur capacité à opérer même dans des zones à faible connectivité. En fournissant un outil comme SmartEval, WEBGRAM donne aux acteurs du développement les moyens de mieux gérer leurs projets, de prouver leur impact et de renforcer la redevabilité envers les communautés qu'ils servent.
6. Vers une culture de l'apprentissage et de la redevabilité
Le véritable potentiel du S&E réside dans son utilisation comme outil d'apprentissage.
Apprentissage et adaptation : Les données collectées et les évaluations doivent servir à identifier les "leçons apprises" et à ajuster les stratégies en cours. Un S&E dynamique permet de corriger les erreurs en cours de route plutôt que d'attendre la fin du projet.
Redevabilité envers les communautés : Le S&E doit impliquer les bénéficiaires. La collecte de leurs retours et la communication transparente des résultats renforcent la confiance et l'appropriation des programmes par les populations.
Renforcement des capacités : En utilisant des outils numériques et en intégrant le S&E dans la culture de l'organisation, les agences de développement renforcent leurs propres capacités institutionnelles, rendant leur travail plus efficace et plus autonome.
Conclusion et Perspectives :
Le suivi-évaluation est le chaînon manquant entre l'ambition d'un projet et son impact réel. En Afrique, le passage à un S&E numérique est une révolution silencieuse qui démocratise l'accès à l'information, renforce la transparence et rend la gouvernance du développement plus efficace. L'apport d'entreprises locales et innovantes comme WEBGRAM, qui conçoivent des outils adaptés aux contextes africains, est vital pour garantir que cette transformation soit durable et inclusive. Le S&E, en devenant un processus continu et intégré, permettra de construire des projets plus intelligents, plus agiles et, au final, plus bénéfiques pour les populations. La question n'est plus de savoir si l'on doit évaluer les projets, mais comment faire du S&E un moteur de l'excellence pour le développement du continent.